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Photo du rédacteurJC Duval

Panda-parle-cash

N’attends pas une vie sans problèmes. Ça n’existe pas.

Au contraire, souhaite-toi une vie pleine de bons problèmes.

L'art subtil de s'en foutre - Mark Manson

 

🧐 J'ai l'impression que ces derniers temps, à l'image de ce qu’écrit Mark Manson, le développement personnel se recentre sur l’idée que les réseaux sociaux nous renvoient une fausse image du monde. Une évidence me direz vous, mais de plus en plus d'adeptes du 'social networking' se lassent de cette pâle représentation de la société. Tout du moins, le devraient-ils.

Le véritable épanouissement passe par une prise de conscience que la vie est plus compliquée, moins fun, moins blanche, moins noire, que les images affichées sur le net. La réalité n'est pas un monde d'auto-satisfaction. Vouloir le nier, risque de mener à une sorte d'auto-destruction.

✧ Et les communautés issues de ce nouveau mode de 'communication', ne doivent pas virer au communautarisme. Ne pas y prendre garde, risquerait de mener à un tribalisme barbare.

Les réseaux sociaux produisent abrutissement et abêtissement, désinformation et rigidification idéologique. L'ensemble se déroule dans un contexte de dépendance algorithmique et de propagande numérique, débouchant sur un tribalisme violent.

Nous ne sommes pas seulement ce que nous souhaiterions être. Nous sommes bien plus … nous avons nos bons et nos mauvais cotés, nous ne sommes pas mieux que les autres mais nous ne sommes pas pires non plus, dans beaucoup de situations nous sommes sûrement courageux, mais peut-être aussi couards de temps en temps, nous sommes généreux et quelquefois nous ne le sommes sans doute pas assez, nous ne sommes pas le centre du monde.

 
Si je devais créer un superhéros, il s’appellerait Panda-Parle-Cash. Il arborerait un masque ringard, serait moulé dans un tee-shirt trop étroit pour son gros bide de panda, et son super pouvoir consisterait à balancer à la figure des gens des vérités très hard sur eux-mêmes, des vérités qu’ils auraient grand besoin d’entendre mais refuseraient d’admettre. Il ferait du porte-à-porte comme les Témoins de Jéhovah, sonnerait à chaque domicile et dirait des trucs du style « Ouais, c’est cool pour toi de gagner beaucoup d’argent, mais c’est pas pour ça que tes enfants vont t’aimer » ou « Si tu te demandes si tu peux faire confiance à ta femme, c’est que tu n’as pas vraiment confiance en elle » ou encore « Ce que tu crois être de l’amitié n’est en réalité que ton besoin d’impressionner les gens. » Puis il souhaiterait une bonne journée à l’habitant avant de se diriger tranquillos vers la maison suivante. Ce serait salaud. Et relou. Et en même temps édifiant. Ce serait surtout nécessaire, en fait. Après tout, les plus grandes vérités de la vie ne sont-elles pas aussi les plus désagréables à entendre ? Panda-Parle-Cash serait le héros que personne n’aurait envie de voir mais dont tout le monde aurait besoin. Il serait les cinq fruits et légumes proverbiaux de notre malbouffe mentale habituelle. Il nous ferait progresser en sagesse mais en nous mettant mal à l’aise, nous rendrait plus forts tout en nous cassant, il illuminerait notre avenir en mettant le doigt sur nos parts d’ombre. Ecouter ses sentences, ça serait comme mater un film dont le héros meurt à la fin : tu l’aimes encore plus même si tu as un pincement au cœur, parce que ça sonne vrai. Alors tant qu’on y est, laisse-moi enfiler mon masque de Panda- Parle-Cash et t’en envoyer une autre, de vérité bien déplaisante. On souffre tout simplement parce que la souffrance a une fonction biologique. Elle est l’agent du changement préféré de la nature. La sélection a fait de nous des créatures pétries d’insatisfaction et d’insécurité intérieure. Pourquoi ? Parce que ces états motivent à bouger pour innover et survivre. Voilà pourquoi tu es câblé pour être insatisfait de ce que tu as et satisfait uniquement de ce que tu n’as pas. C’est cette insatisfaction chronique qui a poussé l’espèce humaine à sans cesse se battre, lutter, construire et conquérir. Alors, non, la souffrance et la misère ne sont pas un bug de l’évolution – elles en sont une caractéristique.
La souffrance sous toutes ses formes est l’outil le plus efficace de ton organisme pour te botter les fesses. Prends un truc aussi anodin que le fait de te cogner le doigt de pied. Si tu es comme moi, tu vas proférer suffisamment de jurons pour mériter le purgatoire. Tu vas aussi t’en prendre à de pauvres objets inanimés en criant : « Putain de table ! » Et tu n’hésiteras pas à incriminer ton aménagement intérieur en te disant : « Mais quel est l’abruti qui a posé une table là ! Non, mais faut être con ! » Mais je m’éloigne. Trêve de digression. Cette douleur si vive de doigt de pied malmené, universellement détestée, a une bonne raison d’exister. La douleur physique est un produit du système nerveux, un mécanisme de feedback conçu pour nous rappeler nos limites – jusqu’où on peut aller, ce qu’on peut toucher ou pas. Dès qu’on les dépasse, il nous punit pour nous empêcher de recommencer et nous inciter à plus de vigilance la fois suivante.
Et cette douleur, même si tu es programmé pour l’éviter, est d’une immense utilité. Elle enseigne à l’enfant comme à l’adulte tête brûlée à quoi faire attention, distinguant ce qui est inoffensif et ce qui est nocif. Moralité : il n’est pas toujours bénéfique d’éviter la souffrance parce que la douleur contribue d’une certaine manière au bien-être. Mais la souffrance n’est pas que physique. Comme pourraient en témoigner les pauvres suppliciés qui ont dû attendre une année durant le dernier Star Wars, nous, les humains, avons parfois à subir de grandes souffrances psychologiques. D’ailleurs, des études ont montré que le cerveau ne fait pas de grande différence entre douleur physique et douleur psychologique. Alors, si je te dis que quand ma première copine m’a trompé puis plaqué j’ai eu l’impression qu’elle m’enfonçait lentement un pic à glace dans le cœur, tu peux le croire : je n’aurais pas eu plus mal si elle m’avait réellement poignardé. De la même manière que la douleur physique, la douleur psychique signale un déséquilibre, le dépassement d’une limite. Et, comme celle-ci, loin d’être néfaste et indésirable, elle s’avère dans certains cas saine et nécessaire. Te briser l’orteil, te prendre un râteau : prends-en de la graine ! Et c’est le danger de se protéger toujours plus des petits bobos du quotidien : on y perd les avantages qu’il y a à souffrir juste ce qu’il faut. Tu rêves d’une vie peinarde – du bonheur et rien d’autre – pendant que là, sur terre, les problèmes ne font pas de pause. Je viens d’avoir la visite de Panda-Parle-Cash, justement. On s’est pris des margaritas. Il m’a dit : « Putain, les emmerdes ne se font jamais la malle – c’est tout juste si elles s’améliorent. Warren Buffett a eu des problèmes de fric ; le clodo complètement déchiré du bas de la rue a eu des problèmes de fric. Buffett a juste eu de moins méchants problèmes de fric que le clodo. Toute la vie est comme ça. » Il a ajouté : « La vie, c’est une série de problèmes dont tu ne vois jamais le bout, Mark. » Il sirotait son cocktail en triturant le petit parasol rose. « La solution à un problème ne fait qu’en créer un autre. » Au bout d’un moment, j’ai fini par me demander où ce putain de panda parlant voulait en venir. Et pendant qu’on y est, qui a préparé les margaritas ? Et, de poursuivre : « N’attends pas une vie sans problèmes. Ça n’existe pas. Au contraire, souhaite-toi une vie pleine de bons problèmes. » Sur ces paroles sensées, il a baissé ses lunettes, réajusté son parasol et s’est tourné vers le coucher de soleil.
L'art subtil de s'en foutre - Mark Manson
l'art subtil de s'en foutre

"S'en foutre comme de l'an quarante, c'est regarder en face les difficultés de la vie, même les plus grosses, même les plus terrifiantes, et y aller quand même."

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