« Basquiat et Schiele partagent quelque chose de l’ordre de la fulgurance »
Retour en images sur l'exposition de novembre 2018 à la fondation Louis Vuitton.
Basquiat
Keith Haring, Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat.
Aux Etats-unis dans les années 80, période reaganienne, les minorités américaines sont clairement oubliées, le sida n'est pas encore pris au sérieux, le racisme n'est pas combattu par les autorités politiques.
Basquiat traduit dans ses oeuvres la ségrégation sociale et économique de son pays. Il plaque sur ses toiles la pauvreté et la cruauté de la société nord-américaine à l'égard des classes défavorisées.
Son dessin est figuratif et dur, les symboles sont brutaux, la couleur est contrastée, les surfaces sont salies, les formes heurtées et creusées. Basquiat brise les règles de l’art contemporain new-yorkais, il brise le silence et impose le point de vue d’un Afro-Américain.
Schiele
Schiele se sent prisonnier de la société austro-hongroise du début du XXeme siècle, de la contrainte exercée sur les corps féminins et masculins ainsi que sur les désirs qui les animent.
A un moment, il se rapproche du courant de sécession viennoise mené par Klimt. Pour dessiner la vérité de l’intime, Schiele la dessine entière, au risque de la censure et de la prison.
Cette vérité est portée sur ses dessins avec des postures indécentes, un trait continu qui entre dans les détails, des rehauts de couleurs acides. Schiele rompt avec les usages académiques, il brise les règles plastiques que l’on enseigne dans les académies comme il brise les règles morales de la société autrichienne du début de son siècle.
Schiele-Basquiat
Les 2 artistes sont séparés de plus d’un demi-siècle. Basquiat a certainement parcouru l'oeuvre de Schiele, même si ses toiles n’en portent pas de traces directes.
Qu'ont-ils en commun ? Certes une vie qui s'arrête à 28 ans, l'un étant décédé de la grippe espagnole, l'autre d'une overdose, mais c'est avant tout leur manière de présenter crûment à leurs contemporains la rupture ressentie avec leur époque et avec les conventions portées par la société dans laquelle ils vivent.
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